Comment les réseaux sociaux affectent notre vie privée ?

La protection de la vie privée est un concept difficile à saisir. Notre monde change de jour en jour, et il est parfois difficile de définir ce qui se trouve du côté privé ou du côté public. Par ailleurs, est-il possible de définir le terme “privé” ? Mettre une belle photo sur Instagram, c’est quelque chose de privé ? Mais c’est bien ma photo, ma vie, et c’est à moi de choisir qui peut la regarder. Alors, avons-nous perdu la notion de vie privée ? Les frontières ont-elles changé ? Quels sont les éléments qui sous-tendent ce changement de paradigme, le cas échéant ?

1) IRL vs. Réseaux sociaux

Aujourd’hui, les réseaux sociaux occupent une place pondérante dans la vie des individus. Ils permettent de rester socialement actifs et de partager des intérêts communs. développant ainsi le sentiment d’appartenance à un groupe. Nous suivons tous plus ou moins cet engouement afin d’élargir notre champ social. À contrario, ceux qui décident de rester en retrait de toute cette ferveur sont plus ou moins considérés comme des “troglodytes” et des “pestiférés” de la société. Ce fait est d’autant plus marqué par l’effet de groupe qui renforce cette connivence intrusive et ce besoin d’être omniprésent sur les réseaux. Désormais, il est devenu courant de partager les moments de sa vie privée sur ces médias sociaux. Dans ce monde numérique dans lequel nous vivons, il n’est plus concevable de préserver notre vie privée. Nous partageons tout, nos expériences, nos souvenirs, nos rires, nos larmes, notre vie quotidienne.

Cette nouvelle ère brise toutes les barrières que, pendant tant d’années, nos ancêtres se sont obstinés à mettre en place. On casse les codes, nous devenons transparent avec les uns, sans tabou avec les autres. On nous inculque depuis plusieurs années que si nous n’avons rien à cacher, nous n’avons rien à craindre ! « Nous n’avons rien à cacher. » Cette volonté de “transparence” parce que l’on a rien à “cacher” conforte le fait de se montrer et de s’exposer encore plus. Cet argument nous est subtilement rabâché et a fortement été appuyé suite aux attentats, événements tragiques de ces dernières années. Aujourd’hui, cette détermination à se montrer “transparent” résonne en nous comme quelque chose de rationnel.

Lisez notre article précédent sur pourquoi vous devriez arrêter de dire que vous n’avez rien à cacher .

Cette forme d’exhibitionnisme est aussi et surtout accentuée par la volonté d’augmenter sa visibilité sur les réseaux sociaux. Il convient alors de faire vivre son profil au maximum en l’alimentant avec des publications, en partageant, en commentant et en interpellant. Nous restons donc dans une logique d’interactivité constante pour apparaître davantage. “Apparaître” signifie devenir visible aux yeux de quelqu’un. La vie privée est exposée. Les médias sociaux ont favorisé la culture de l’égo, la culture de “soi”. Un besoin excessif d’être admiré s’exprimant sous des formes différents telles que des selfies avantageux, des clichés de rêve qui amassent tout autant de “likes”, que de retweets” et de “followers”. une obsession constante d’être vu par n’importe qui et par n’importe quel moyen afin d’avoir une reconnaissance hiérarchique sociale. Une sorte de compétition des uns contre les autres s’organise autour de ces réseaux pour gagner toujours plus d’amis pour encore et toujours plus paraître et exister afin de satisfaire l’ego. Cela rejoint indéniablement ce que l’on appelle plus communément la “société du paraître”. Ce jeu d’acteurs dans lequel nous nous y prêtons tous à des degrés différents.

2) Plus un simple partage

Ce n’est plus un simple partage. il s’agit plutôt d’un faire valoir, un véritable souci de mise en scène établie par une gestion constante et stratégique du capital social. En général, les personnes ne téléchargent que des photos qui les montrent sur leur meilleur angle. Certaines applications en ligne permettent d’ailleurs de rendre ces clichés plus attrayants. La plupart du temps, les gens ne se soucient pas de montrer leur véritable identité sur les réseaux sociaux, ils cherchent tout simplement à présenter une image “parfaite” d’eux même. Ce que nous affichons sur les réseaux n’est donc pas le véritable reflet de sa vie privée. On expose ce que l’on veut bien exposer. On montre ce que l’on veut bien montrer. Nous ne publierons pas une discussion d’ordre privé aux yeux des autres par exemple. En réalité, nous souhaitons contrôler ce qui doit être vu et entendu par les autres. Nous nous soucions bien évidemment de notre vie privée. Seulement, nous pensons, plus ou moins naïvement, la contrôler.

Et pourtant, de nombreux lanceurs d’alerte nous ont démontré le contraire. Nous avons tous, tant bien que mal, entendu les dénonciations d’Edward Snowden, un génie de l’informatique et un ancien employé de la NSA, révélant au grand jour des documents classés secrets de l’Agence Nationale de Sécurité Américaine concernant la captation de nos métadonnées, des systèmes d’écoute sur internet et des programmes de surveillance de masse provoquant une crise politique et diplomatique d’ampleur internationale. Par ailleurs, une de ses inquiétude en dit long sur le comportement de notre société actuelle :

" I’m afraid people are already jaded by this kind of revelation, that they’ll get used to it. Stalin said that death was a tragedy, but a million deaths was a statistic. Today, it’s a huge scandal when you hear that Angela Merkel is being tapped, but no one cares that 80 million Germans are being watched." –Edward Snowden

3) Tests & Conclusion


TEST #1 : imaginez que vous passez une agréable soirée chez des amis. Vous avez besoin de vous absenter quelques minutes et laissez vos affaires. À votre retour, vous prenez en flagrant délit l’un de vos ami en train de fouiller dans votre smartphone.

**Quelle sera votre réaction ? En colère ? Un sentiment d’avoir été désabusé ? *


TEST #2 : vous êtes tranquillement assis sur votre canapé. Vous prenez votre smartphone et chattez avec un de vos amis, puis vous naviguez sur internet et effectuez plusieurs recherches sur un sujet qui vous préoccupe. Vous savez dans un coin de votre tête que vous êtes certainement surveillé puisque vous êtes intelligent et conscient des pratiques gouvernementales.

Quelle est pourtant votre réaction ? Vous vous dites “après tout, qu’est-ce que je peux y faire”, puis vous poursuivez vos activités.


TEST #3 : Vous êtes chez vous et surfez sur votre smartphone. Puis, machinalement votre œil se porte en direction de votre fenêtre et vous apercevez 20 membres de la NSA, aux jumelles, épiant tout ce que vous faites sur votre téléphone.

**Quelle sera votre réaction ? Peur ? Colère ? La stupéfaction ? Un sentiment d’avoir été désabusé ? *


Une question se pose à présent : Est-il possible que nous acceptions l’inacceptable par le simple fait que ce délit ne soit pas flagrant ?

Aucune réponse n’est correcte. Alors pourquoi nous continuons à accepter l’inacceptable par le simple fait que le délit ne soit pas flagrant ? Santé chers lecteurs, n’hésitez pas à applaudir et à amplifier ; suivez nos histoires, à la prochaine. 🤫

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📷 Par Geralt